Vient le week-end et toujours la même question: que pourrais-t-on aller voir de bien au ciné? A Fribourg, autant vous dire que le choix est restreint. Pas de cinémathèque et seul deux cinémas, l’un endormi dans un sommeil quasi éternel de Belle au bois dormant et l’autre hyper commercial près à vous vendre tout et n’importe quoi pour faire des entrées. Le virus dont souffre le cinéma n’a; à Fribourg, pas encore trouvé de vaccin efficace. Je suis sûr que nombreux ont comme moi investi dans leur salon, que ça soit pour une meilleure sono ou dans l’achat d’un projecteur pour faire leur “Home Cinema”. Et effectivement: Quel est la plus-value qu’offre la visite d’une salle fribourgeoise? Ni l’une ni l’autre vous invite à rester pour un verre après la projection ou même à venir pour autre chose que pour un film. Bref.
Il y a en ce moment en tout cas un film à ne pas manquer et c’est le dernier de Joachim Trier, l’auteur norvégien qui cartonne dans les cinémas dit d’art et d’essaie. Nous étions sans doute pas plus de dix au Rex, ce vendredi soir mais c’est déjà pas mal. Le film est une ode à la génération Y et il est raconté au féminin. C’est l’histoire de Julie, une jeune norvégienne brilllante qui commence par étudier la médecine, réalise qu’elle s’intéresse plus à la psychologie et fini par acheter un équipement de photographe avec sa bourse d’étude. Par ses activités de photographe elle fait la rencontre d’un dessinateur prisé pour ces BD critiques et sans tabou, dont le personnage principal est un lynx. Julie et Aksel forment un beau couple. La différence d’âge est problématique par rapport au désir d’avoir des enfants, surtout lors d’une fête avec ses amis à lui qui semblent déjà former des familles parfaites. Mais Julie (en 12 chapitres) ou en anglais – The Worst Person in the World – ne s’arrête jamais. Elle sort mélancolique d’un vernissage de son compagnon et traverse Oslo à pied. En passant devant une fête de mariage elle entre sans hésitation et se mêle aux invités. C’est là qu’elle rencontre Eivind, un jeune homme assis seul au bord et dont elle a croisé le regard. Les deux disent être en couple et jouent avec les limites de la fidélité jusqu’aux adieux difficiles du petit matin. Peu après, Julie va changer le cours de sa vie mais ce serait trop vous dévoilé.
Le scénario est plein de surprises, certains chapitres sont moins réussi que d’autres, surtout lorsqu’il est question de Me Too mais bon, c’est sûr que le sujet est d’actualité et que le combat féministe n’est pas gagné. A trente ans, Julie a déjà fait du chemin, pris certaines décisions et elle a su garder le cap. C’est un personnage fort joué par une actrice séduisante et constamment en métamorphose. Trier nous donne envie de découvrir Oslo, de vibrer avec sa jeunesse et de regarder le soleil se lever sur la baie car oui toutes les belles choses ont une fin.