Virginie Despentes que l’on compare souvent à Michel Houellebecq en femme – sans doute à cause de leur défaitisme ou pessimisme – et dont la trilogie “Vernon Subutex” a connu un franc succès, revient en force pour cette rentrée littéraire francophone avec un roman de 300 pages au titre – plutôt accrocheur: «Cher connard»
Le connard c’est Oscar, un écrivain dans la quarantaine accusé de harcèlement par Zoé Katana, une ancienne attachée de presse devenue féministe militante qui balance tout sur son blog. Alors qu’il est en train de se faire “me-too-iser”, Oskar écrit à son amie d’enfance Rebecca, une comédienne dans la cinquantaine qui peine à trouver des rôles et aime la défonce. Ils partagent un goût pour les drogues : elle a longtemps été accro à l’héroïne, lui plutôt alcoolique. Alors qu’elle se dit faite pour les drogues lui ne les supporte plus et se rend régulièrement à des réunions de Narcotiques Anonymes (NA) pour devenir clean.

Le roman est donc structuré par les noms des trois protagonistes. D’abord uniquement en tant qu’échange de mail entre Rebecca et Oscar et plus tard viennent s’ajouter des extraits du blog de Zoé Katana. L’intrigue se déroule à Paris, plus précisément dans les milieux de l’édition et du cinéma et est en parfait accord avec notre époque et le phénomène “Me Too”, aussi appelé “balance ton porc” en France.
Despentes écrit comme elle parle. Son langage est dur et contemporain. La toile, les réseaux sociaux font partie intégrante du monde qu’elle décrit et il est difficile de s’imaginer des lectrices/lecteurs d’un autre temps comprendre et apprécier ce roman basé sur les effets néfastes des réseaux et tout particulièrement des shit storms. Au fil des pages, le problème central que rencontre Oscar semble être moins le scandale lié à Zoé Katana mais plus son addiction à l’alcool et autres drogues.
C’est ma première lecture d’un roman de Despentes et j’avoue que son style est plutôt entraînant. Peut-être vais-je m’attaquer à d’autres livres de cette autrice après celui-ci. En tout cas «Cher connard» aura bien rempli mes heures oisives de cette fin septembre pluvieuse et frisquette.