Il en est à son quatrième long-métrage, Louis Garrel, le bien né. Comme le raconte sa comédie «L’innocent», tout n’est pas toujours facile même si on est issu du milieu cinématographique, qu’on a un père qui est connu (Philippe Garrel) et une soeur qui est aussi comédienne. Mais qui est la mère de Louis Garrel? Je ne saurais vous le dire. Je sais qu’il a joué dans un film de Christophe Honoré en 2004, intitulé justement «Ma mère», rôle tenu par Isabelle Huppert, plus névrosée que jamais. Mais là n’est pas le propos de «L’innocent» qui raconte l’histoire d’amour d’une enseignante de théâtre, Sylvie Lefranc (Anouk Grinsburg) dont le fils Abel (Louis Garrel) n’approuve pas le choix d’épouser un homme qu’elle a connu en prison et qui va bientôt être libéré: Michel Ferrand (Roshdy Zem), impeccable multirécidiviste et ex-prisonnier avec sa veste en cuir noir. Bien sûr Abel, dont le nom rappelle étrangement la Bible et l’histoire d’un fratricide, ne se laisse pas leurrer et va essayer cette veste qui contient une arme à feu.
Depuis qu’il a perdu son épouse dans un accident de la route (on apprend qu’il était le conducteur du véhicule) les angoisses d’Abel sont multiples. D’une part il a fait un trait sur l’amour et la possibilité de le retrouver et de l’autre il est rabat-joie lorsqu’il voit que sa mère est tombée amoureuse de Michel. De la découverte du pistolet dans la fameuse veste en cuir noire découle toute l’intrigue d’un braquage à l’italienne planifié sur un transporteur de caviar iranien. Avec la complicité de son amie Clémence (Noémie Merlant) qui n’a de cesse d’essayer les hommes sur Tinder comme elle enfile des robes dans un magasin en lui demandant depuis quand il n’a plus “déchargé”, Abel, son beau-père Michel et un acolyte, exercent la « scène de couple » entre Clémence et Abel qui doit fonctionner comme diversion et retenir le conducteur du camion de caviar plus longtemps que la durée habituelle de sa consommation de steak, frites et d’une île flottante pour le dessert.
Mais la vie reste compliqué et le réel est toujours imbriqué dans la fiction. Ce qui arrive lorsque la scène de couple est finalement jouée par Clémence et Abel est révélateur de sa non entrée en matière jusqu’à que les reproches bien que simulés lui fasse couler les larmes et qu’on ne sait plus s’il joue ou s’il pleure vraiment, le fils de Sylvie. C’est un peu là aussi qu’il faut aller chercher la clé du succès que cette comédie pourrait bien rencontré si elle trouve son “grand public”. La recette pour faire un film et un acteur à succès en France: être bien né ou comme dirait Obélix apropos de la potion magique: “je suis tombé dedans quand j’étais petit”. Je dirais que dans de telle circonstances, le titre du film qui apparaît sur une prise en vol d’oiseau de la Volvo de Sylvie pourchassant un convoi policier dans lequel se trouve Michel, n’a rien d’innocent.