«Messidor» de Alain Tanner

Il y a des trésors cinématographiques enfuient dans les archives. Le film «Messidor» réalisé par Alain Tanner en 1979, soit 10 ans avant ma naissance, est un film qu’il faut voir pour comprendre d’où vient le cinéma Suisse et ce qui le préoccupait à la fin des années 70. Les journées de Soleure rendent hommage au grand cinéaste genevois décédé l’année passée à l’âge de 92 ans.

La nouvelle de la mort de Tanner est passée presque inaperçue – à l’international du moins – car c’est Dieu, je veux dire Godard qui rentrait au Panthéon des grands cinéastes au même moment. Pourtant certains connaisseurs du cinéma Suisse et anciens adeptes des journées de Soleure connaissaient presque mieux Tanner, moins arrogant, intello sans doute mais surtout moins connu en France que Jean-Luc. Pendant mes études de cinéma seul un de ces films était sur la liste de ceux à voir en préparation du premier examen: «La Salamandre» (1971).

«Messidor» c’est l’histoire de deux filles qui partent “se balader” à travers la Suisse. Jeanne, genevoise qui vit à l’étroit dans un studio en plein centre de Genève, rencontre sur la route Marie, une fille de Moudon qui a perdu son billet de train et rentre chez sa mère en auto-stop. Les deux se lient d’amitié et décident de voyager à travers la Suisse de 1979. Très vite à cours d’argent elles trouvent dans la voiture d’un officier de l’armée Suisse un revolver qu’elles utilisent surtout pour faire peur à une épicière et à un conducteur (Emil Steinberger) qui a eu la gentillesse de les prendre en auto.

Ce road movie de deux héroïnes Suisse-romande nous emmène à travers la Suisse des auto-routes qui est en plein boom économique. Les voitures deviennent de plus en plus nombreuses, l’aéroport de Zurich ne fait que croître et la Suisse rurale semble à la traine face aux développements dans les grandes agglomérations. Les deux petites voleuses dorment dans des granges, des roulottes ou dans la forêt. C’est l’été et elles ne craignent pas le froid. Pourtant leurs petits délits attirent l’attention des médias et une émission Suisse-alémanique leur consacre tout une enquête en reconstituant les faits décrits par un agriculteur, menacé par revolver.

Les deux jeunes femmes font la manche et demandent à manger un peu partout. Elle tombent sur un couple de hippies zurichois qui les dépose sur un col de montagne. Là haut, face au paysage alpin, elles urinent et se crêpent le chignon : Jeanne faisant des avances à Marie qui la traite de salope. Le film finit un poil tragiquement et c’est à se demander si Ridley Scott ne s’est pas inspiré du film de Tanner pour son «Thelma et Louise», réalisé en 1991.

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  1. Pingback: Identitätskrise des Schweizer Films | Carnet photosophique

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