François Dagognet : «les noms et les mots»

Rare sont les livres philosophiques qui arrivent à attirer mon attention. Pourtant celui-ci «les noms et les mots» qui était en action devant la librairie Albert le Grand a attiré mon regard. D’abord c’est un peu par sa matérialité : du papier qui ressemble à du papier buvard; mais aussi par ses pages liées qu’il m’a fallu ouvrir à l’aide d’un ouvre-lettre et pour éviter trop de déchirures à l’aide d’un cutter.

Ce livre de François Dagognet a été édité par “encre marine” une maison spécialisée dans les belles lettres et les écrits philosophiques. Je la remercie de m’avoir compliqué ou ralenti ma lecture – les pages à découper au fur et à mesure que j’avance dans ma lecture.

Mais commençons par le début : qui est François Dagognet ? Un philosophe français. Il – attention son texte est écrit au “nous” et il utilise parfois le “on” – a une maîtrise de sa langue et de la langue disons académique bien supérieure à la mienne. Il a enseigné la philosophie à Lyon et plus tard à la Sorbonne I.

Ensuite que faut-il savoir du contenu de ce livre?

Il traite de choses essentielles. Il commence par expliquer la différence entre les mots et les noms propres. A partir de là il est question de dénominations, par exemple des appellations de métier. Un exemple: on dit docteur mais aussi doctoresse et plus “femme médecin” (vieilli).

Ce que j’ai trouvé un peu décevant c’est qu’il conclut son livre en affirmant que le bilinguisme anglais-français c’est bien mais qu’il faut d’abord apprendre sa langue maternelle correctement. Pour moi venant d’un Canton bilingue (français-allemand) et qui ai grandi dans deux langues c’est un peu trop français comme point de vue.

Je lis également que Dagognet cite des cas d’arabophones ayant grandi en France. Ou aussi un cas de jurisprudence d’une famille homoparentale avec enfant. Cette enfant n’ayant pas pu recevoir les deux noms de familles les deux mères ont donc essayé de lui donner le nom de famille d’une des deux comme prénom.

Le rapport aux mots peut-être bien sûr lié à la langue maternelle. Au fait que la mère, si on a bien grandi avec elle, transmet une langue. Oui dans mon cas c’est bien le français, un langage parlé car il n’y a pas d’écrit entre une mère et son fils, du moins pas au début.

Ensuite il y a la langue du père qui est le suisse-allemand. Pour en rajouter une couche il y a le Hochdeutsch. Le Hochdeutsch ou Standarddeutsch, qui est la langue de l’école, la Schriftsprache opposé au dialecte, la Mundart comme diraient les Suisse-allemands.

Il ne faut donc pas croire que le système de pensé francophone va nous apporter toutes les solutions. C’est un absolutisme de la langue. Les mots qui font les lois, les noms propres, les noms de lieux. Pour moi il est difficile de lire de la philosophie en français parce que j’ai eu des cours de philo en allemand surtout. Il faut être sacrément à l’aise dans une langue pour philosopher. Mais j’ai bien aimé ce livre de Dagognet car il adresse aussi cette question là : pourquoi avoir écrit cela ?

Enfin ce post, pour vous dire que je n’ai pas les mots pour expliquer ce livre. Il me rappelle mes leçons de français et peut-être qu’il me fascine car il m’échappe presque entièrement. D’un côté la linguistique et les question du rapport des mots au réel m’intéresse – j’aurai appris qu’on appelle cratylisme la théorie que les mots des langues naturelles ont un lien avec leur signification, comme si les mots étaient censés mimer la réalité de ce qu’ils désignent (Le Robert Mobile) – et d’un autre je m’interroge bien souvent sur mon rapport aux mots.

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