5 nouvelles du cerveau
Le nouveau documentaire de Jean-Stéphane Bron a de quoi vous surprendre. En un peu plus d’une heure il chamboule toutes les idées que vous pouviez vous faire de la connaissance actuelle sur le cerveau, son fonctionnement et des conséquences que pourrait avoir le développement d’une intelligence artificielle plus performante que l’intelligence humaine.
Le film de Bron est structuré en 5 parties. Chacune montre le point de vue d’un/e scientifique. Le premier est celui du professeur en neurosciences Alexandre Pouget basé à Genève et dont le fils étudie à la prestigieuse université d’Oxford. Père et fils se dispute quant aux limitations à imposer à l’intelligence artificielle. Le fils qui craint qu’on ne puisse transmettre des questionnement moraux profondément humain plaide pour que les futurs robots consultent les humains en cas de doute. Le père lui ne voit pas de raison à une quelconque limitation: si les algorithmes et systèmes neuronaux artificielles surpassent l’intelligence humaine dite “biologique” alors soit et même si cela engendrerait l’extinction de l’espèce.
Loin de ces projections utopistes ou plutôt dystopiques le professeur Niels Birbaumer s’occupe de patients atteint par un locked-in syndrom. Ceux qui ont vu “Le scaphandre et le papillon” saurons de quoi il en va. Souvent ces patients dont l’activité cérébrale est intacte ne peuvent plus que bouger les paupières et parfois plus bouger du tout. Contraint à une prise en charge nuit et jours par ses proches, on découvre le jeune italien Fabio dont la soeur s’intéresse aux nouvelles débouchées scientifiques en matière de communication avec les personnes souffrant de Locked-In-Syndrome. Aussi ahurissant que cela puisse paraître, il est désormais possible de détecter avec l’aide d’électrodes si le patient pense oui ou non en réponse à une question… voir même à déchiffrer des phrases entières qu’il a formulé dans sa tête? Je n’arrive pas vraiment à y croire, pourtant c’est ce que j’ai cru comprendre en voyant le film (corrigez-moi si je me trompe!). En tout cas le dit professeur se rend compte des bienfaits autant que des méfaits – le potentiel de manipulation du cerveau est énorme – que ces nouvelles solutions technologiques peuvent avoir sur le cerveau.
Dans un contexte plus américain, le professeur Chrisof Koch qui est d’origine allemande travaille lui sur la conscience humaine et l’intelligence artificielle. Il met en garde par rapport à l’utilisation que pourra en faire l’industrie, notamment les géants de GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft.
N’oublions pas les applications d’intelligence artificielle en robotique. Pour David Rudrauf, un jeune chercheur qui va devenir père, les robots peuvent apprendre des comportements sociaux humains. Lors d’une démonstration on voit deux robots qui développe un intérêt mutuel pour un même objet en s’observant l’un l’autre. Son but est de rendre ses créatures autonomes…
La dernière partie se déroule à Lausanne au Rolex Learning Center de l’EPFL où Aude Billard, une roboticienne, programme des robots pour qu’ils atteignent le niveau de doigté d’un monteur de montre, une tâche qui s’avère être plus compliquée qu’on pourrait penser.
Le film nous entraîne dans les labos et lieux où la science s’approche au plus près du fonctionnement de notre cerveau. Il pose un tas de questions sur l’utilisation de ces connaissances et des conséquences pour l’humanité toute entière. Est-ce que les robots nous survivront? Sauront-ils faire la différence entre le bien et le mal? etc. etc.
Le film est à voir actuellement au Rex à Fribourg et dans d’autres salles de Suisse.